Entre deux philosophes on n'établit de confrontation radicale et, éventuellement, de filiation effective que du point de vue des principes de l'intelligibilité. Or, ce n'est pas du tout de ce point de vue central que l'on s'est géneralement placé pour apprécier l'influence de Hobbes sur Spinoza. Presque toujours, on s'est restreint à la sphère de la théorie politique. En première apparence, les textes de Spinoza lui-même cautionnent ce parti-pris, puisqu'on n'y trouve explicitement cité le nom de Hobbes qu'en deux endroits, le Théologico-politique, note XXXIII au chapitre XVI et la lettre L à Jarig Jelles, du 2 juin 1674, qui ont en commun de prétendre l'un comme l'autre s'opposer à la pensée politique de Hobbes. Quant à la litterature critique, on peut se référer à l'exemple d'un ouvrage particulièrement attentif aux problèmes de sources et d'influences: The Philosophy of Spinoza de H.A. Wolson, dans ses chapitres consacrés à la méthode, évoque beaucoup d'anciens et de modemes, sans dire un seul mot de Hobbes.